« Bien le bonjour, mon ami Nomade. je vois que tu as des invités, et que vous êtes en pleine partie. A quoi jouez-vous ? »
« Sois le bienvenu sous ma tente, et saches que ce n’est pas un jeu. »
« Comment cela ? Il y a pourtant des cartes, et vous devez bien suivre des règles ? »
« Il y a de l’argent en jeu mon ami, c’est donc un pari. le matériel de jeu est le moyen, pas la finalité. Dès qu’il y a un enjeu autre que de jouer, ce n’est plus un jeu mais autre chose. »
« Mais le Chameau Polo, ce n’est pas du jeu alors ? Comme il y a des paris sur les vainqueurs ? »
« Oui, tout à fait. Il y a tout de même plusieurs raisons valables de pratiquer le jeu sans le dénaturer. Laisse moi finir mon pari et je t’expliques. »
- Jouer pour apprendre : nous avons tous commencé bébés par jouer pour acquérir la maîtrise de notre corps et de nos sens. Plus grand, nous avons joué à faire semblant et à reproduire les comportements et les actes des grands pour apprendre. Mais cela doit rester spontané, volontaire et libre, ce n’est pas la même chose que le « jeu utile » de l’école, qui n’est pas du jeu car les enfants n’ont pas le choix et doivent participer.
- Jouer pour le défi : Chacun fait honnêtement de son mieux pour gagner, pour le plaisir de donner son maximum. On respecte la règle du jeu sinon cela n’a pas de sens. On se met d’accord avant la partie sur les règles, car si l’on croit jouer au même jeu et que l’on a tort, il faudra recommencer. Celui qui veut quitter le jeu avant la fin doit abandonner. Et pas d’autre récompense que la victoire pour le(s) vainqueur(s).
- Jouer pour le fun : Le jeu sert de prétexte, ce qui compte c’est ce qui se passe autour de la table, entre les joueurs. Détourner les règles, tricher même, peut être encouragé, il faut se mettre d’accord entre joueurs avant la partie. Ce qui compte ce que tout le monde passe un bon moment. On peut quitter le jeu sans trop de souci.
Cela ne dénature pas le jeu car la finalité de toute pratique de jeu est le plaisir sans conséquences négatives, qu’il soit plaisir d’apprendre, plaisir de défier, plaisir de partager.
ATTENTION à ne pas mélanger les joueurs jouant pour la raison 2 et ceux jouant pour la raison 3, vous risquez de casser le plaisir des uns et/ou d’ennuyer les autres.
Difficile de parler des bonnes raisons sans évoquer les mauvaises. Je reconnais que les jeux de société modernes doivent beaucoup aux mauvaises raisons de jouer du passé. Les premières règles de jeux ont été créées soit pour des paris ( l’awalé en afrique, comme les dés et les osselets en europe étaient des jeux d’argent), soit pour maintenir une hiérarchie sociale (certains « jeux » étaient déséquilibrés exprès pour faire gagner les anciens, comme le bagh chal), soit pour des croyances diverses (divination, religions, comme le fanorona à Madagascar ou le Senet en Egypte).
Mais aujourd’hui, rien ne vaut la pratique du jeu pour le jeu.
Si le risque de perdre quelque chose est réel, alors ce n’est pas du jeu. Et s’il n’y a pas de risque, juste un gain (comme les compétitions gratuites d’entrée, avec un prix pour les vainqueurs), des tricheurs vont apparaître, qui n’auraient peut être pas triché s’il n’y avait rien eu à gagner. Dernier exemple en date :
Championnat du monde Des Aventuriers du Rail
Votre partie de foot de la semaine, entre amis, est une expérience humaine plus riche que les matchs des Pros, qui font ça pour leur métier, avec des collègues qu’ils n’aiment pas forcément, et pour de l’argent. La compétition transforme vite des gens sympathiques en « bêtes », de compétition justement.
Comme dit le Nomade :
« Il faut jouer du jeu mes amis, c’est bon pour nous tous. Mais ne laissez pas les faux jeux se jouer de vous »
Les rumeurs du souk